Notre objectif, atteindre 2000 morts sur nos routes d'ici 2030 
3499 morts à peu près par an sur nos routes, ce n'est nullement une fatalité
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La conduite irresponsable au volant, un fait social ordinaire !

Depuis que je suis conscient de ce monde, conduire de manière irresponsable s’est installé comme un fait social ordinaire, dans le sens sociologique du terme défini par le père fondateur de la sociologie Emile Durkheim, imposé par les mauvais conducteurs non seulement aux bons conducteurs, aux conducteurs sages en toutes circonstances, mais à la société marocaine tout entière


Que l’on soit en gros 4x4, en berline, en voiture de ville, en moto ou à vélo, autrement dit quel que soit le niveau socioprofessionnel de l’usager de la route, c’est le même scénario qui se répète chaque jour dans nos villes du matin au soir.

Le comportement irresponsable sur la route offre un spectacle affligeant où l’être humain se défait de son éducation, de son instruction, de ses responsabilités et de sa piété de la journée, pour devenir un délinquant assumé de la route.

Il suffit d’une urgence pour que les feux de signalisation ne veuillent absolument rien dire. Idem pour les priorités au niveau des ronds-points et croisements. La courtoisie et la bienveillance sur la route sont laissées de côté pour le compte de tonnerres de klaxons, de comportements hystériques et d’insultes en tous genres.

Nos avenues et boulevards sont par moment un vrai champ de bataille où les belligérants sont les conducteurs et eux-mêmes ou plutôt les conducteurs et leurs facettes monstrueuses éphémères car celles-ci s’estompent une fois arrivées à destination.

Le délinquant éphémère de la route, lorsqu’il aura survécu au champ de bataille, reprendra une vie normale parmi les siens…comme si de rien n’était !

C’est le constat malheureux d’une schizophrénie sociale qui hante notre pays, son image, son économie et son progrès.
 
Passons à présent à l’analyse de ce phénomène consternant. Et posons-nous la question suivante : qu’est ce qui fait qu’un être humain devient délinquant routier par intermittence ?
Est-ce religieux ? Est-ce que l’islam impose au fidèle de faire vite pour traiter ses affaires de la journée quitte à mettre sa vie et la vie d’autrui en danger ? Certainement pas. Ce qui est préconisé en islam est le respect de la vie. Mettre sa vie et la vie d’autrui en danger est un péché capital en islam car toute vie est importante pour le Créateur.

D’un point de vue philosophique, le comportement du délinquant éphémère de la route pourrait être assimilé à une présence-absence paradoxale, un spasme temporel qui implique l’avènement de sa propre mort. Le délinquant éphémère de la route s’éloigne de la morale, de l’éthique et des exigences de la vie en collectivité qui sont essentiellement le respect des codes qui régissent une vie. En prenant le risque de provoquer sa propre mort, le délinquant éphémère de la route présente un désamour de soi. Et lorsque l’on souffre d’un amour de soi, on ne peut pas aimer son prochain d’où la mise en danger de la vie d’autrui.

La psychologie, elle, verrait dans ce changement troublant du comportement une pathologie liée à la désorganisation de la pensée qui se manifeste par une désorganisation du comportement. Le délinquant éphémère de la route subit alors des pulsions meurtrières imposées par un environnement extérieur. Il exécute ces postures inhabituelles par simple mimétisme.

Quoique l’on dise et quoique l’on pense, ce phénomène social de la délinquance routière continuera à ronger notre société en espérant qu’un jour, dans une quinzaine voire une vingtaine d’années, une nouvelle génération de conducteurs, conscients et responsables, verra le jour et respectera la vie à tout moment de la journée quelle qu’en soit l’urgence.

Ce sera alors le début de la tendance baissière continue des statistiques accidentologiques au Maroc. 

Près de 3200 morts en 2022